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Focus : La dermatite atopique


La dermatite atopique

L'été est là, apportant avec lui le soleil et la saison des maillots de bain ! Sortez vos parasols, chapeaux et crèmes solaires, parce que oui, on aime notre bronzage, mais on tient surtout à notre peau. Mais, prendre soin de sa peau n’est pas une question de saison et reste primordial tout au long de l’année, hiver comme été, et particulièrement quand celle-ci souffre de pathologies dermatologiques.

 

Vous l’aurez donc compris, aujourd’hui on vous parle de votre peau, mais avant tout de dermatite atopique !

 

La dermatite atopique, plus couramment appelée eczéma, est une maladie chronique inflammatoire de la peau, multifactorielle (1), impactant de façon significative le bien-être physique, psychologique et la qualité de vie des personnes atteintes.

 

Le Global Burden of Disease a recensé dans le monde près de 223 millions de personnes atteintes en 2022 (2). En effet, cette pathologie touche une grande partie de la population, impactant jusqu’à 20% des enfants et 10% des adultes (3), selon le GADA (Global Atopic Dermatitis Atlas).

 

Il nous semblait donc important, à notre humble échelle, de vous donner certaines clés sur la dermatite atopique. Car mieux la comprendre, c’est aussi apprendre à mieux vivre avec.


Qu’est-ce que la dermatite atopique ?

 

Comme nous vous l’avons introduit ci-dessus, la dermatite atopique, ou eczéma atopique, est une maladie allergique de la peau, non contagieuse (4). Elle affecte le corps et l’esprit au quotidien, mais évolue également sous la forme d’épisodes ponctuels aigus de durée variable. Ces épisodes (également appelé poussées d'eczéma) sont marqués par l'apparition de symptômes tels que des démangeaisons et des lésions pouvant grandement impacter le quotidien des personnes touchées. D’origine allergique, la dermatite atopique est souvent liée à d'autres manifestations allergiques, comme la rhinite allergique (plus connu sous le nom de rhume des foins), la conjonctivite allergique ou encore l'asthme.

 

La dermatite atopique est donc une affection dermatologique dont les symptômes affectent la vie au quotidien, à ne pas confondre avec la dermatite de contact dont les symptômes peuvent être sensiblement identiques. Pour cela, nous vous proposons un schéma explicatif sur les différences entre ces deux pathologies (4-5).


Différences entre la dermatite atopique et la dermatite de contact

Qu’en est-il des symptômes ?

 

Les personnes atteintes de dermatite atopique subissent généralement de nombreux symptômes physiques affectant leur bien-être et leur qualité de vie.


On retrouve parmi eux une peau sèche voire très sèche et sensible, des plaques rouges et squameuses localisées, des démangeaisons intenses et persistantes ainsi que des lésions cutanées, générant douleurs et inconforts importants (6).


La dermatite atopique peut également avoir un ressenti psychologique important, source de troubles du sommeil, d’irritabilité voire de syndrome dépressif.


Les symptômes de la dermatite atopique

Causes et facteurs déclenchants

 

Les causes de la dermatite atopique sont complexes et multifactorielles. Ces dernières incluent de nombreux facteurs et déclencheurs, à la fois endogènes et environnementaux (allergènes, pollution, irritants, conditions climatiques...) qui vont jouer un rôle clé dans cette pathologie.

Les facteurs endogènes comprennent notamment des mutations génétiques induisant une dysfonction de la barrière cutanée, des anomalies du microbiome cutané, une dérégulation du système immunitaire ou encore des changements hormonaux.

L’interaction complexe de ces facteurs rendent la peau particulièrement fragile et réactive. En effet, ce dysfonctionnement de la barrière épidermique ainsi que la dysbiose du microbiome cutané induisent une déstructuration de la peau, créant une déshydratation et une peau perméable voire spongieuse permettant l’accès aux allergènes et agresseurs (pollens, poussières, savons…), stimulant le système immunitaire qui est déjà en alarme. Cette activation des signaux d’alarme par les allergènes/agresseurs va entrainer une réponse inflammatoire, déclenchant ainsi une nouvelle poussée de dermatite atopique. (10)

 

Outre les facteurs cités précédemment que l’on ne peut maitriser, il est possible d’en limiter certains comme le stress, considéré comme déclenchant ou exacerbant les symptômes de la dermatite atopique. Il a en effet été démontré dans de nombreuses études cliniques que les personnes ayant une peau sensible à très sensible avaient une réactivité cutanée plus élevée aux émotions que celles aux peaux légèrement sensibles ou non sensibles, ainsi qu’une moins bonne qualité de vie (7-8).  

 

La réponse de l’organisme au stress peut donc avoir un impact négatif sur la fonction de la barrière cutanée et influencer la réponse immunitaire (9). Le stress chronique peut également entrainer une vulnérabilité accrue aux infections et donc une aggravation des lésions cutanées.


Traitement de la dermatite atopique

 

A l’heure actuelle, les stratégies de traitement employées sont surtout symptomatiques et consistent à moduler le microbiome cutané, cibler le système immunitaire inné et adaptatif, les démangeaisons ou encore inhiber la réponse inflammatoire (2).

 

Le choix du traitement anti-inflammatoire est largement basé sur la gravité de la maladie. La dermatite atopique légère peut généralement être contrôlée avec des traitements topiques, tels que les crèmes hydratantes agissant, notamment, sur la réparation de la barrière épidermique. Dans ce cas précis, le choix de la formule de la crème sera « personne-dépendante » et devra donc prendre en compte des critères tels que le type de peau, la zone corporelle, la sécheresse et l'inflammation, ainsi que les préférences individuelles des patients.

 

En revanche, la maladie à un stade plus avancé peut nécessiter des traitements bien plus invasifs (11), accompagnés d’effets indésirables :

  • La photothérapie : Utilisation de la lumière ultra-violette pour traiter la dermatite atopique non maitrisés par les traitements topiques. Une thérapie dont les effets indésirables cumulés à long terme doivent être pris en compte, notamment les photo dommages, la carcinogenèse cutanée ou encore l'induction de mélanomes (12).

  • Les traitements systémiques : Traitements médicamenteux uniquement utilisés sur les formes modérées à sévères, ayant une action de contrôle et de blocage des mécanismes biologiques de l'inflammation responsables des signes et symptômes de la dermatite atopique. Des traitements, là aussi, à surveiller de près car contiennent certaines contre-indications (notamment chez la femme enceinte).

 

Ces traitements, dont nombre d’entre eux sont à base de dermocorticoïdes ou antihistaminiques, sont efficaces à court terme mais quid de leur efficacité au long-terme ?



Vivre avec la dermatite atopique

 

Des conséquences délétères sur la qualité de vie

 

Vivre avec la dermatite atopique peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie. Les démangeaisons chroniques, les lésions cutanées visibles et les poussées imprévisibles peuvent affecter la qualité de vie des personnes atteintes.

 

Les symptômes persistants de la dermatite atopique peuvent conduire à des niveaux élevés de stress et d'anxiété. En effet, d’après plusieurs études (8,11), deux tiers des personnes atteintes de dermatite atopique sévère (67%) avouent souffrir de périodes intenses d'anxiété. Plus grave encore, près de la moitié (41%) évoque des épisodes de dépression.

 

Les lésions visibles et l'inconfort physique peuvent inciter les personnes atteintes à éviter les interactions sociales et les activités publiques affectant ainsi l'image et la confiance en soi.


De plus, cette baisse d’estime de soi est souvent corrélé à une stigmatisation, notamment durant l’enfance. En effet, d’après ces mêmes études (8,11), 7 personnes sur 10 atteintes de dermatite atopique sévère ont souffert de moqueries durant leur scolarité.

 

Mais qui de mieux pour parler de l’impact qu’à la dermatite atopique sur la qualité de vie, qu’une personne ayant elle-même été atteinte ?

 

Nous sommes partis à la rencontre de Tom, un étudiant de 18 ans, qui a accepté de se confier sur l’impact qu’a eu la dermatite atopique sur son enfance et son adolescence.

 

“Je dirais que mon eczéma est l’un des petits combats que je mène et mènerai contre ma peau. Depuis toujours, au moindre stress et particulièrement dans certaines périodes de l’année (février-mars), des poussées d’eczéma apparaissent sur mes avants bras, et mon cou. Je m’estime franchement chanceux de n’en avoir qu’à ces endroits ! Pour être très honnête, j’ai essayé de nombreux traitement prescris par différents dermatologues, des pilules quotidiennes aux innombrables crèmes de jours et de nuits, mais rien n’y fait.

Il est compliqué pour moi, voire impossible de gérer mon stress, donc je me suis habitué à vivre avec ! En ce moment tout va mieux, je n’ai plus autant de symptômes qu’avant. En revanche, certaines choses persistent. Par exemple, je ne peux pas mettre de colliers en été lorsqu’il fait chaud car des plaques réapparaissent. J’apprends donc à gérer de cette manière mais je n’ai pas de réelle solution sur le long terme”.

 

Quelles stratégies pour s’adapter à la dermatite atopique ?

 

Comme l’évoque Tom, la dermatite atopique n’a pas de traitements à long terme, mais celle-ci peut être gérée efficacement grâce à une combinaison de stratégies d’adaptation préventives. Le but étant d’aider à atténuer les symptômes et améliorer la qualité de vie des personnes atteintes.

 

Selon la clinique Jacques Cartier de Québec, l’hydratation de la peau est primordiale.

 

Celle-ci passe par l’application de crèmes et savons sans parfum ni irritant, ou encore une douche à une température adéquate, sur une durée n’excédant pas les 10 minutes. De plus, éviter les déclencheurs est indispensable, particulièrement les allergènes courants et les irritants.


Les stratégies d'adaptation de la dermatite atopique

Techniques de gestion du stress

 

Importance de l’éducation et de la sensibilisation

La gestion du stress est essentielle pour les personnes atteintes de dermatite atopique, car celui-ci peut en exacerber les symptômes ou encore déclencher des crises. Certaines méthodes sont efficaces pour réduire l’impact du stress sur la dermatite atopique, telles que des techniques de relaxation, de yoga ou encore de régulation du sommeil.

 

En effet, 50 % des personnes atteintes déclarent que les démangeaisons perturbent leur sommeil 5 à 7 nuits par semaine (8,11), alors qu’il est primordial d’assurer une bonne qualité de sommeil pour la gestion du stress et la santé de la peau.

 

De plus, le support émotionnel n’est pas à négliger dans une pathologie aussi répandue. Certains organismes vont même jusqu’à multiplier les groupes de soutien pour les personnes atteintes de dermatite atopique. Ces derniers fournissent un espace pour partager des expériences et des conseils, réduisant ainsi le sentiment d'isolement.

Parmi ces organismes, la Pierre Fabre Eczema Foundation, dédiée à la lutte contre l'eczéma, qui œuvre depuis 2004, pour apporter aux patients et aux familles des informations sur la maladie et sa prise en charge.


Il est également possible et courant de consulter un professionnel : en parler à un psychologue ou un psychiatre peut être utile pour apprendre à gérer le stress et les émotions associées à la dermatite atopique.

 

Enfin, la thérapie cognitivo-comportementale est une psychothérapie qui se concentre à la fois sur la cognition (le schéma des pensées) et sur le comportement visant à identifier et à changer les pensées négatives, ainsi que les comportements qui contribuent au stress.

Celle-ci est utile pour travailler sur l’état anxieux qui peut causer ou être causé par les poussées d’eczéma, mais aussi pour modifier les comportements associés aux symptômes, comme le "grattage" et les troubles du sommeil.

En effet, près de 9 patients sur 10 souffrent de démangeaisons quotidiennes et près de 2 patients adultes sur 3 ont des démangeaisons plus de 12h/jour. 

 

Le rôle de la nutrition

 

Dans ce contexte de pathologie multifactorielle, il est légitime de se demander comment la nutraceutique peut-elle jouer un rôle dans la prévention et le soulagement des symptômes associés aux pathologies dermatologiques telles que la dermatite atopique. La nutrition via les compléments alimentaires, se présente de plus en plus comme stratégie de choix dans la prévention de divers enjeux de santé. La beauté holistique et le In & Out étant un marché en croissance, la nutraceutique se positionne comme un secteur prometteur, permettant de cibler des facteurs déterminants dans les pathologies dermatologiques tels que : l’inflammation, le stress oxydatif, la préservation de la barrière cutanée ou encore le microbiome.

 

D’après la littérature, les suppléments d'huile de poisson, riches en acides gras tels que les oméga-3, pourraient être bénéfiques pour améliorer l'état de la peau des personnes atteintes de dermatite atopique ou de psoriaris (13). Ces derniers contribuent à atténuer les lésions inflammatoires de la peau et à soulager les symptômes de sécheresse et d'irritation cutanée en améliorant l’hydratation ou encore l’oxygénation des cellules.

 

Mais ce n’est pas tout, les peptides marins, ont également démontré des effets très intéressants sur le stress, mais aussi sur l’hydratation de la peau et l’accélération de sa cicatrisation. Grâce à la modulation de l’expression de gènes liés à la réponse au stress et à la prévention de la dérégulation de protéines induites par le stress, les peptides marins permettraient d’en prévenir les effets négatifs sur notre peau (14-15).

Les peptides de collagène et les glycosaminoglycanes ont eux aussi démontré des effets bénéfiques sur la peau. Ils stimulent notamment la synthèse d’acide hyaluronique (16), molécule clé de l’hydratation tissulaire (17-18), permettant ainsi le maintien de l’hydratation de la peau en profondeur, ce qui pourrait en faire un allié de taille contre les sécheresses et tiraillements des peaux à tendance atopique.

 

D’autres ingrédients sont également décrits pour leurs propriétés sur les peaux sensibles et/ou à tendance atopique tels que :

  • La curcumine, ingrédient actif du curcuma, ayant des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes (19).

  • Les céramides ou encore la vitamine D qui détiennent une action sur la régulation de la barrière cutanée, contrôlant les fonctions immunitaires de celle-ci (19).

  • Les probiotiques peuvent moduler le système immunitaire et réduire l'inflammation cutanée. Ils peuvent également aider à équilibrer le microbiote intestinal, lié à la santé de la peau.

  • La quercétine, un flavonoïde présent dans des aliments tels que les oignons, ou les pommes. La quercétine a démontré des propriétés antihistaminiques et anti-inflammatoires, particulièrement intéressantes en cas d’asthme allergique, de rhinite allergie ou encore de dermatite atopique (20).

 

Le rôle de la nutrition dans la prévention et le soulagement des peaux sensibles et/ou à tendance atopique

Cette liste est non exhaustive et montre bien le rôle crucial de la nutraceutique dans la prévention et le soulagement des symptômes chez les personnes atteintes de peaux sensibles et/ou à tendance atopique.


 

Références :

 

(1) Williams, 2000 ; Hanifin et Rajka, 1980 ; Lloyd-Lavery et al., 2019

(2) GBD (Global Burden of Disease) 2022.

(3) Global report on atopic dermatitis 2022 – Global Atopic Dermatitis Atlas

(4) Dermatite atopique – symptômes, causes, traitements et prévention – Vidal

(5) Dermatite de contact – Troubles cutanés – Manuels MSD

(6) Ständer S. Atopic Dermatitis. N Engl J Med. 2021;384(12):113643

(7) Misery, L.; Sibaud, V.; Merial-Kieny, C.; Taieb, C. Sensitive skin in the American population: Prevalence, clinical data, and role of the dermatologist. Int. J. Dermatol. 2011, 50, 961–967.

(8) Misery, L.; Myon, E.; Martin, N.; Consoli, S.; Boussetta, S.; Nocera, T.; Taieb, C. Sensitive skin: Psychological effects and seasonal changes. J. Eur. Acad. Dermatol. Venereol. 2007, 21, 620–628.

(9) (Silverberg JI, Lei D, Yousaf M, Janmohamed SR, Vakharia PP, Chopra R, et al. Association of itch triggers with atopic dermatitis severity and course in adults. Ann Allergy Asthma Immunol. 2020;125(5):552-9.e2)

(10) Dermatite atopique - Inserm

(11) Simpson et al., 2017

(12) Rodenbeck et al., 2016

(13) Januszewski et al., 2023 - Nutritional Supplements for Skin Health—A Review of What Should Be Chosen and Why

(14) Dinel, A.L., Lucas, C., Le Faouder, J., Bouvret, E., Pallet, V., Layé, S., Joffre, C. Supplementation with Low Molecular Weight Peptides from Fish Protein Hydrolysate Reduces Acute Mild Stress-Induced Corticosterone Secretion and Modulates Stress Responsive Gene Expression in Mice. J. Funct. Foods. 2021;76:104292. 

(15) Le Faouder, J., Arnaud, B., Lavigne, R., Lucas, C., Com, E., Bouvret, E., Dinel, A.L., Pineau, C. Fish Hydrolysate Supplementation Prevents Stress-Induced Dysregulation of Hippocampal Proteins Relative to Mitochondrial Metabolism and the Neuronal Network in Mice. Foods. 2022 May 28;11(11):1591.

(16) Wauquier, F., Boutin-Wittrant, L., Bouvret, E., Le Faouder, J., Roux, V., Macian, N., Pickering, G., Wittrant, Y. Benefits of Circulating Human Metabolites from Fish Cartilage Hydrolysate on Primary Human Dermal Fibroblasts, an Ex Vivo Clinical Investigation for Skin Health Applications. Nutrients. 2022 Nov 25;14(23):5027.

(17) Verdier-Sévrain S, Bonté F. Skin hydration: a review on its molecular mechanisms. J Cosmet Dermatol. 2007 Jun;6(2): 75-82.

(18) Bukhari, SNA, Roswandi, NL, Waqas, M, Habib, H, Hussain, F, Khan S, Sohail M, Ramli NA, Thu HE, Hussain Z. Hyaluronic acid, a promising skin rejuvenating biomedicine: A review of recent updates and pre-clinical and clinical investigations on cosmetic and nutricosmetic effects. Int J Biol Macromol. 2018 Dec;120(Pt B):1682-1695.

(19) Jagetia et Agarwal, 2007 – Spicing of the immune system by curcumin

(20) Jafarinia et al.,2020 - Quercetin with the potential effect on allergic diseases


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